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La croissance des salaires américains s'explique en grande partie

Dr. Roman von Ah

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Économie

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Une croissance salariale américaine modérée malgré le plein emploi : Anomalie ou nouvelle normalité ?

Une croissance salariale américaine modérée malgré le plein emploi : Anomalie ou nouvelle normalité ?

Le PIB américain croît à un rythme soutenu de 2,2% par an, principalement grâce à la consommation et aux dépenses d'investissement. Le taux de chômage se rapproche de ses plus bas niveaux historiques. Malgré cela, les salaires horaires ne progressent que modérément, comme le montre le graphique suivant:

US Stundenlöhne im verarbeitenden Gewerbe

Croissance des salaires dans le secteur manufacturier aux États-Unis

La question des salaires américains, qui n'augmentent pas vraiment malgré une croissance robuste, a déjà fait couler beaucoup d'encre. Les coupables sont typiquement la mondialisation, les entreprises internationales peu scrupuleuses qui produisent dans des pays à bas salaires et les propriétaires d'entreprises avides d'argent qui n'accordent pas aux employés le fruit de leurs efforts.

Des chercheurs en économie de l'antenne de la Fed à San Francisco se sont récemment penchés sur cette question et sont parvenus - à première vue seulement - à des conclusions surprenantes (Daly et. al., What's up with wage growth, FRBSF Economic Letter 2016 ainsi que American Economic Review 2017).

Les indicateurs discutés publiquement (comme le graphique ci-dessus) sont des enquêtes statistiques hautement agrégées. Il s'agit de chiffres moyens et de leur dynamique dans le temps. Si l'on décompose ces statistiques en leurs éléments constitutifs, ce que l'on appelle la désagrégation en éléments tels que les travailleurs à temps plein, le revenu médian et les entrées/sorties du marché du travail, le tableau s'éclaircit nettement, comme le montre le graphique suivant :

Disaggregation der Stundenlöhne

Désagrégation des salaires horaires

La croissance des salaires des travailleurs à temps plein (ligne bleue) après la faible récession de 2001 a évolué d'environ 3% à 5%. A partir de 2007, cette croissance est tombée à 2% dans le contexte de la grande crise financière. Depuis, la croissance des salaires est passée à plus de 4%. Si l'on prend les salaires moyens (revenu médian, ligne noire), la croissance est de l'ordre de 3%.

Les travailleurs à temps plein représentent certes la majorité des salariés, mais pas la totalité. Le revenu médian comprend également les travailleurs qui arrivent sur le marché du travail, comme les jeunes qui quittent l'école ou les deuxièmes salaires dans les familles. Les nouveaux travailleurs, qu'ils sortent de l'école ou d'une situation de chômage volontaire ou involontaire (à temps partiel), gagnent des salaires inférieurs à la moyenne. Une forte croissance des offres d'emploi peut dans un premier temps faire baisser les salaires moyens ainsi que les taux de croissance des salaires, comme le montre la ligne rouge comme contribution négative à la croissance des salaires.

C'est exactement ce qui s'est passé. Parallèlement à la croissance économique plus élevée, de nombreux travailleurs se sont (ré)intégrés dans la vie professionnelle ; les salaires initiaux plus bas ont tiré le salaire moyen vers le bas. Les baby-boomers, qui sont plus nombreux à arriver à l'âge de la retraite depuis quelques années, ont nettement renforcé cet effet. Les travailleurs âgés ont typiquement des salaires supérieurs aux salaires moyens au cours des dernières années de leur carrière. C'est d'ailleurs un indice que l'expérience compte tout de même.

Récemment, les contributions négatives des entrées et sorties sur le marché du travail aux taux de croissance des salaires publiés ont diminué. Il est bien possible qu'au cours des prochains trimestres, la croissance des salaires devienne également visible dans les séries temporelles agrégées.

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