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Querelle commerciale entre les États-Unis et la Chine

Dr. René Dubacher

Dr. René Dubacher


Marchés financiers

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La guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis avec le reste du monde, mais surtout avec ses principaux partenaires commerciaux que sont la Chine et l'Union européenne, fait chaque jour la une des journaux. Les accusations initiales de toutes les parties se sont transformées en un conflit sérieux.

La guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis avec le reste du monde, mais surtout avec ses principaux partenaires commerciaux que sont la Chine et l'Union européenne, fait chaque jour la une des journaux. Les accusations initiales de toutes les parties se sont transformées en un conflit sérieux.

La guerre commerciale des épargnants : Economics 101

Flagge USA - China

Drapeau USA - Chine

Contrairement aux déclarations du gouvernement américain, des économistes de renom comme Stephen Roach (ancien économiste en chef de Morgan Stanley, qui enseigne aujourd'hui à Yale) constatent que les problèmes des États-Unis ne peuvent pas être éliminés par de nouvelles conditions du commerce international. Ils sont en grande partie le résultat de déséquilibres macroéconomiques qui affectent les deux parties : La Chine épargne trop et les États-Unis trop peu. Ces différences d'épargne entraînent des déséquilibres commerciaux multilatéraux qui ne peuvent pas être compensés par des efforts bilatéraux.

Cette affirmation étonne tout d'abord et nous nous demandons quel est le rapport entre l'épargne et la balance commerciale et la balance des paiements courants. La balance des paiements courants d'une économie nationale mesure les échanges de biens et de services avec toutes les autres économies nationales.

Un déficit signifie qu'un pays importe plus de biens et de services qu'il n'en exporte.

Plus précisément, la balance courante est la somme de :

  • Échanges de biens
  • échanges de services, par ex. assurances
  • revenus d'investissement - par ex. dividendes, intérêts et transferts de migrants de l'étranger
  • transferts nets - par exemple, l'aide internationale.

Dans ce contexte, il convient également de noter qu'avec un taux de change variable, un déficit de la balance courante doit être compensé par un excédent de la balance financière et des capitaux. Cela signifie qu'un déficit de la balance des paiements courants doit être financé par l'étranger.

Pourquoi les économistes affirment-ils que le solde de la balance courante correspond à la différence entre l'épargne et l'investissement ?

Premièrement, il est important de noter que dans une économie fermée, nous partons du principe que l'épargne = l'investissement. (S=I). Pour qu'une entreprise puisse investir, elle a besoin d'épargne afin de pouvoir financer l'investissement. Dans ce contexte, les économistes ont constaté qu'une épargne nationale trop faible par rapport aux investissements nationaux entraîne un déficit de la balance des paiements courants. Pourquoi en est-il ainsi ?

Pour répondre à cette question, il faut comprendre comment sont calculés le produit national brut (PNB) et le produit intérieur brut (PIB).

Le PIB est la valeur de tous les biens et services qu'une économie nationale produit ou fournit sur son territoire.

Si l'on y ajoute les revenus que les nationaux reçoivent de l'étranger et que l'on en déduit les revenus que les étrangers reçoivent de l'intérieur, on obtient le produit national brut. On a donc :

Produit national brut (PNB) = Produit intérieur brut (PIB) + Revenu net de l'étranger (R)

(1) PB = PIB + R

Le revenu net de l'étranger peut être négatif si les étrangers possèdent plus d'actifs dans le pays que les nationaux à l'étranger. Les revenus de la différence de ces actifs sont envoyés à l'étranger, ce qui conduit finalement à un revenu net de l'étranger négatif.

A l'équilibre, le PIB est défini comme suit

(2) PIB = C + I + G + (X-M), où

C= consommation, I= investissement, G= dépenses publiques et (X-M) = exportations moins importations ou la demande nette de l'étranger.

La balance des paiements courants (désignée par CA) peut également être définie de la même manière, à savoir comme les exportations moins les importations plus les paiements nets à l'étranger.

(3) CA = (X-M) +R

Avec les formules (1) et (2), nous pouvons réécrire la partie droite de la formule (3) comme suit

(4) (X-M)+R= BSP -(C+I+G)

et donc

(5) CA = BSP - (C+I+G)

La différence entre le produit national brut plus la consommation et les dépenses publiques (PNB - (C+G)) est l'épargne (S). On a donc

(6) CA = S-I

D'un point de vue comptable, il n'y a aucune différence si nous considérons le solde de la balance des paiements courants comme

(7) CA = Exportations nettes (X-M) + Revenu extérieur net (R)

ou comme

(8) CA = épargne (S) - investissement (I)

voir. Supposons que l'épargne intérieure ne suffise pas à financer l'investissement intérieur. Comment les investissements nationaux sont-ils alors financés ? Ils sont financés par des investissements provenant de l'étranger. Ces flux de capitaux sont un crédit sur le compte de capital et sont compensés par un déficit sur le compte d'opérations.

Inversement, si un pays dispose d'une épargne supplémentaire (c'est-à-dire épargne nationale > investissements nationaux), cette épargne ira à l'étranger pour financer des investissements dans d'autres pays. Cela conduit à un solde négatif sur la balance des capitaux et permet un excédent de la balance des paiements courants.

En 2017, la balance commerciale des États-Unis était déficitaire avec 102 pays. Si une partie de ce déséquilibre multilatéral entre un pays déficitaire (les Etats-Unis) et un pays avec un excédent d'épargne (la Chine) est modifiée, cette modification est simplement répartie sur d'autres pays. Il en résulte des importations plus chères pour les États-Unis, ce qui équivaut en fait à une augmentation des impôts. Parallèlement, l'évolution de la Chine fait qu'après de nombreuses années, ils afficheront probablement un déficit de la balance des paiements courants en 2018. Cela limite la marge de manœuvre des Chinois pour des accords à l'amiable avec les États-Unis.

La solution ne peut être qu'un compromis. Les Américains ne changeront pas leurs habitudes d'épargne et de consommation et dépendront des importations de capitaux. Les droits de douane n'y changeront pas grand-chose.

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